Le gouvernement a tenu à célébrer la journée du refus de la misère, le 17 octobre. Martin Hirsch, Haut commissaire est intervenu longuement sur les chaînes de télévision et dans la presse écrite. La situation en France au bout de 16 mois de Sarkozysme incite pourtant à la modestie, sur ce chapitre.
Notre pays connaît en effet :
- plus de 7 millions de personnes sous le seuil de pauvreté dont 1 million de retraités et près de 2 millions d’enfants ;
- plus de 3,5 millions de mal logés dont 100 000 SDF et 30 000 travailleurs pauvres privés de logement ;
- 2/3 des embauches à titre précaire ou intermittente ;
- 15 % de la population renonçant à se soigner, 4 français sur 10 hésitant à le faire.
- 600 000 personnes au niveau du minimum vieillesse soit 635 euros mensuels ;
- plus de 40 % des salariés à moins de 1400 euros mensuels ;
- un regain de chômage chez les jeunes, les plus de 50 ans et les femmes.
Dans le même temps, le gouvernement s’arc-boute au bouclier fiscal qui rapportera 500 millions d’euros de la part du Trésor Public, aux plus fortunés. Il confirme le paquet fiscal qui coûte chaque année 15 milliards d’euros aux finances publiques. Il reste d’une timidité confondante vis à vis des niches fiscales qui s’élèvent à 73 milliards d’euros. Récemment encore B. Accoyer, troisième personnage de l’Etat et haut responsable de l’UMP, envisageait, sans rire, une amnistie générale des grosses fortunes qui ont quitté le pays.
L’absence de politique de l’emploi depuis le printemps 2007 est une évidence. En fait le gouvernement avait initialement deux idées en tête : la loi TEPA, qui se révèle au final comme une machine à détruire de l’emploi sur fonds publics, et l’augmentation du nombre de départs en retraite, + de 750 000 par an, qui devait conduire à une baisse mécanique du taux de chômage. Ces deux calculs se sont révélés faux.
L’UNEDIC vient d’indiquer que le nombre de chômeurs progresserait de 46000 demandeurs d’emploi en 2008. Le chiffre du mois d’août n’était donc pas un accident. Les mêmes perspectives sont envisagées pour 2009 avec une progression de plus de 40 000 demandeurs d’emploi. Encore faut-il préciser que ces projections statistiques reposent sur la perspective d’un taux de croissance proche de 1 % en 2009. Cet objectif n’est plus retenu que par le gouvernement, le FMI, la Banque Mondiale, l’OCDE, et les instituts de conjoncture se montrent beaucoup plus pessimistes.
La préoccupation majeure des Français concerne désormais l’emploi, avant même le pouvoir d’achat. Au terme de 16 mois de gestion de droite, nous constatons une augmentation de la précarité, un démantèlement du droit du travail qui pourrait aller jusqu’à la suppression du repos dominical, la chute du pouvoir d’achat et un regain de chômage.
Ce résultat découle d’abord de la politique économique nationale conduite depuis 2007. Ainsi, dès le deuxième trimestre de cette année et en lien direct avec la loi TEPA, le nombre d’heures supplémentaires a augmenté de 7 % au détriment des créations d’emplois. Dans le même temps, l’emploi intérimaire diminuait de 8 %, 57 % de ces emplois correspondant à une durée inférieure à 1 mois. Tous ces phénomènes sont naturellement bien antérieurs à l’irruption de la crise financière et bancaire.
Ce résultat est aujourd’hui aggravé par la crise financière qui se transforme en récession économique. A noter l’absence totale d’anticipation sur cette crise, du pouvoir en place. Le 18 août dernier, F. Fillon, Premier ministre, tenait une conférence de presse après la publication des mauvais chiffres de croissance du deuxième trimestre (-0,3 %) pour indiquer que les fondamentaux de l’économie étaient solides, qu’il n’y avait pas lieu de relancer l’activité et que le système bancaire français et européen était hors d’atteinte de la crise des sub-primes.
Le pouvoir croit nécessaire de relancer l’idée de travail dominical moyennant le paiement d’heures supplémentaires défiscalisées vraisemblablement. Sur le plan économique, le raisonnement est toujours aussi faux.
Il donnera les mêmes résultats que la loi. T. E. P. A chômage et précarité plus croissance en berne. Sur le plan social, il aboutira aussi aux mêmes conséquences. Recul du dialogue social et chute du pouvoir d’achat pour le plus grand nombre. Mais c’est sur le plan sociétal que cette initiative mérite la contre-offensive la plus résolue. Il y va en effet des rythmes de vie et de la stabilité de familles entières.
Il y va aussi de la capacité de notre société à s’émanciper au moins une journée par semaine des considérations marchandes. En cherchant à remettre en cause le repos dominical la droite ne s’attaque pas seulement au droit du travail. Elle altère aussi les conditions d’une conciliation vie professionnelle-vie familiale-éducation des enfants pour les femmes comme pour les hommes. Elle montre ainsi qu’elle n’a rien compris aux exigences d’une politique familiale d’aujourd’hui.
Commentaires