LE DISCOURS ECONOMIQUE AU SERVICE DU CHOIX ECLAIRE
Le progrès social est-il dissociable du progrès économique?
Autrement dit, peut-on améliorer la condition sociale des membres d'une société(emplois, salaires...) si l'économie est inefficace. A l'évidence, la réponse est non.
Alors pourquoi, nous continuons d'accorder la primauté aux discours et aux annonces faites sur le plan social et sociétal tout en négligeant le contenu économique d'un projet politique.
Ce questionnement appelle plusieurs réponses:
- pour certains, cela serait lié à notre nature; le discours social et sociétal fait appel à l'émotion alors que le projet économique s'adresse à notre raison et dans leur grande majorité, les hommes sont conduits par leur"vécu émotionnel" ,
- pour d'autres, cela serait lié à un manque de crédibilité du politique en matière économique.
Selon ces derniers, pourquoi accorder de l'intérêt à une argumentation économique: car que ce soit la droite ou la gauche au pouvoir, la décision du politique en nature économique est devenue impuissante notamment devant la montée du chômage et les versants négatifs de la mondialisation.
Si ces deux réponses ne sont pas inexactes à certains égards, elles ne sont pas pour autant complètes et encore moins satisfaisantes pour la prise de décision dans le futur.
A mes yeux, il en est une troisième qui ne devrait pas être négligée et qui a le mérite d'offrir la perspective d'une amélioration:
* le discours économique est en grande partie inaudible parce que la diffusion de l'information économique dans un but pédagogique est insuffisante et que les citoyens ne sont pas assez familiarisés avec les éléments permettant une analyse pertinente.
C'est vraisemblablement cela qu'il faudrait corriger en premier lieu pour ensuite permettre l'intégration des données économiques à notre"corpus décisionnel" ,
Prenons l'exemple de cette mutation industrielle qui se déroule sous nos yeux et que nous devons absolument comprendre et surtout réussir collectivement: je veux parler de l'économie de la connaissance.
Comme vous le savez, les pays européens au sommet de LISBONNE en 2000 avaient défini un cap: la stratégie de LISBONNE pour "faire de l'Europe, l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde " au service de la croissance et de l'emploi.
Cette économie de la connaissance est fondée sur les hautes technologies et nécessite un renforcement budgétaire à plusieurs niveaux des domaines de la connaissance:
- recherche et développement
- enseignement supérieur et université
- formation et qualification.
Cette économie de la connaissance va prendre le relais du segment haut de l'économie industrielle actuelle avec des retombées essentielles en matière de croissance et d'emploi.
D'ailleurs, dans les pays les plus avancés dans cette direction(USA, JAPON, SUEDE):
1) les budgets: recherche, développement et enseignement supérieur sont plus élevés(3%), le double des budgets français;
2) le nombre de chercheurs et de brevets est plus élevé;
3) la croissance est plus forte (3%);
4) le chômage est plus faible(5%);
5) les emplois de ce secteur sont plus qualifiés et mieux rémunérés;
6) les activités de ces entreprises sont à forte valeur ajoutée.
Dans ces conditions, si on fait l'impasse sur les discours économiques, qui annoncent cette révolution, comment demain participer à la prise de décision en matière d'arbitrages entre d'une part, les budgets de la PAC, de la Défense( à réduire) et d'autre part, celui de la Recherche et du Développement( à augmenter), si nous ignorons que l'enjeu majeur qui nous attend en matière de croissance et d'emploi est corrélé à la réussite du passage de notre économie de la connaissance.
Voilà pourquoi, nous devons nous intéresser à l'économie car en étant éclairés et convaincus nous-mêmes, nous serons en mesure de convaincre autour de nous et c'est en cela que se distingue le militant politique.
Références bibliographiques si vous voulez approfondir cette réflexion:
1) DSK: 365 jours
2) Pierre MOSCOVICI: l' Europe est morte, vive l'Europe
3) Michel ROCARD: peut-on réformer la France
4) Daniel COHEN: 3 leçons sur la société post-industrielle
5) L'Etat du Monde 2007
6) Atlas Economique 2007: NOUVEL OBSERVATEUR.
Texte de Romain NOUAR,
Secrétaire Fédéral aux Questions Internationales et Européennes, Economie et Entreprises
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