Contrairement
à ce que prétend Nicolas SARKOZY concernant les conséquences de la décision du
Conseil constitutionnel sur le projet de loi DATI créant la rétention de
sûreté, la législation actuelle contient déjà plusieurs dispositions permettant
de lutter contre la récidive de criminels considérés dangereux :
· la loi
Guigou de 1998 sur le suivi socio-judiciaire qui prévoit d’astreindre
une personne ayant purgé sa peine à des soins et des contrôles très stricts.
· la loi Clément de 2005 sur la surveillance
judiciaire qui permet d’astreindre une personne bénéficiant d’un aménagement de
peine à des contrôles et à des soins ainsi qu’au port d’un bracelet électronique.
· l'hospitalisation d'office peut être décidée
par les autorités administratives (maire ou préfet) sur la base d’un avis
médical qui permet d’interner, en hôpital psychiatrique, une personne jugée
dangereuse pour elle-même ou pour les autres.
Le
Conseil constitutionnel a décidé qu’en vertu du principe de non rétroactivité
des lois, la rétention de sûreté ne s’appliquera pas aux personnes condamnées
pour des faits antérieurs à la loi, exception faite des personnes placées sous
surveillance judiciaire qui se soustrairont à leurs obligations (port du
bracelet électronique ou injonction de soins).
En sollicitant l’avis du premier président de la Cour de
Cassation pour essayer de contourner cette partie de la décision du Conseil
constitutionnel, le président de la République, pourtant gardien de la
Constitution, en a méconnu l’article 62. Cette gesticulation médiatique
destinée à l’opinion publique est donc aussi un acte grave qui revient à mettre
en cause l’autorité suprême des décisions du Conseil constitutionnel.
En imposant à la juridiction compétente en matière de rétention de
sûreté de « vérifier que la personne condamnée a effectivement été en
mesure de bénéficier, pendant l’exécution de sa peine, de la prise en charge et
des soins adaptés au trouble de la personnalité dont elle souffre », le
Conseil constitutionnel émet une critique en creux du manque cruel de moyens
dont souffre aujourd’hui l’administration pénitentiaire.
En refusant d’allouer aux structures médicales et
psychiatriques, déjà dramatiquement insuffisantes en prison, les moyens
budgétaires nécessaires à leur fonctionnement, le gouvernement actuel aggrave
fortement les risques de récidive.
Par ailleurs, il est anormal, alors que les textes
en vigueur le permettent, de laisser une personne reconnue dangereuse sortir de
prison sans qu’aucune mesure ne soit prise, bracelet électronique (légal depuis
le texte de 2005) ou placement d’office. Le drame d’août dernier a mis en
évidence une carence grave de l’application des textes, notamment par la non
publication des décrets d’application de la loi de 2005 par le gouvernement.
Le Parti socialiste estime que toutes les mesures
légales existent déjà pour lutter sérieusement et efficacement contre la
récidive. Il demande au gouvernement d’assumer ses responsabilités et de
dégager tous les moyens nécessaires pour que l’ensemble de ces mesures soient
mises en œuvre au lieu de botter en touche par une nouvelle loi.
Commentaires