Monsieur le Premier ministre,
Chacun ici mesure la gravité et l’ampleur de la crise financière qui traverse le monde. Elle n’est pas un accident. Elle est une crise d’un système : celui de la dérégulation qu’ont voulu des gouvernements libéraux, et notamment aux Etats-Unis, mais seulement aux Etats-Unis.
Cette crise ne date pas de l’été dernier, avec la faillite d’un établissement financier ; elle est née, il y a un an avec la crise des subprimes. Et pendant un an, votre gouvernement a sous-estimé l’impact de cette crise sur l’économie réelle.
Combien de fois a-t-on entendu ici même, vous, Monsieur le Premier ministre ou votre Ministre de l’Economie et des Finances, nous dire qu’il n’y avait pas de danger, que cette crise ne nous toucherait pas, que le système financier européen était solide, à la différence du système financier américain, qu’aucun établissement financier n’était menacé !
Aujourd’hui, c’est vrai, il y a à faire en sorte que le dépôt des épargnants soit sécurisé. De ce point, c’est moins la parole du Président de la République que la loi de 1999 qui en assure la garantie.
Il faut aussi, et nous vous soutiendrons, que chaque fois qu’un établissement financier est menacé, il y ait une intervention de l’Etat à la condition que l’Etat prenne une contrepartie, c’est-à-dire un contrôle sur l’établissement financier qui est ainsi sauvé, de façon à préserver les intérêts du contribuable.
Mais, aujourd’hui, le problème majeur pour notre économie –déjà affectée par une faible croissance, par des déficits publics considérables et par un déficit du commerce extérieur record- c’est l’accès des entreprises et des particuliers au crédit. La menace qui pèse sur notre économie, c’est que les établissements financiers, les banques, resserrent la distribution des prêts, faute d’avoir une sécurité sur leurs propres engagements.
D’où nos propositions. La première proposition que nous vous faisons, Monsieur le Premier ministre, c’est que pour permettre l’accès au crédit des PME et des ménages, soit créé un fonds de garantie des prêts qui permette aux établissements financiers d’assurer leur rôle de distribution de liquidités à l’ensemble de l’économie.
La seconde proposition, c’est de soutenir l’investissement privé comme public. Je réitère ici la nécessité de moduler l’impôt sur les sociétés selon que le bénéfice est réinvesti –là l’impôt doit être abaissé- ou que le bénéfice est distribué aux actionnaires –là il doit être relevé.
Quant à l’investissement public, si vous persistez dans le blocage des dotations de l’Etat aux collectivités locales au moment où celles-ci peuvent encore soutenir les efforts d’équipements publics, alors, vous mettrez gravement en cause la croissance.
Monsieur le Premier ministre, compte tenu de la gravité de la crise, compte tenu des propositions que les uns et les autres peuvent faire, je vous demande un débat national, ici, au Parlement, pour que nous puissions examiner ensemble les réponses à apporter à cette crise.
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